Les batisseurs de rêves

Les bâtisseurs de rêves ont une pratique dont le théâtre constitue l’ancrage historique et fondateur. L’écriture de leurs espaces scéniques varient en fonction des différents contextes dans lesquels ils s’articulent. La scénographie est une des composantes de la représentation théâtrale. Il s’agit d’un art de l’espace qui prend en compte dans sa conception l’assemblée des spectateurs réunis autour d’un point de vue. La scénographie consiste non seulement à définir la vue que le spectateur doit avoir pendant la représentation, mais aussi ce qu’il est nécessaire de ne pas lui montrer. La scénographie doit concevoir l’endroit où le spectateur va accéder à cette vue, la place d’où il percevra la représentation. Elle est un art fondamental dans la représentation théâtrale, car elle façonne l’espace dans lequel prend vie le jeu des comédiens. Plus qu’un simple décor, la scénographie est une interprétation visuelle et spatiale de la pièce, une manière d’amplifier le propos dramatique et de plonger le spectateur dans un univers cohérent, symbolique, ou poétique.

Qu’ils soient monumentaux, minimalistes ou symboliques, les décors servent à situer l’action dans un lieu, une époque, ou une émotion. Chaque élément manipulé ou intégré au décor doit avoir une fonction claire : utilitaire, symbolique. Parfois, un objet banal, comme une chaise ou une valise, peut devenir le centre de gravité de la scène. La lumière sculpte l’espace et oriente le regard du spectateur. Elle crée des atmosphères variées : intimité, tension, grandeur. Les technologies modernes permettent des effets spectaculaires, comme les projections ou les éclairages dynamiques, qui transforment le décor en acteur. Chaque scénographie est unique, car elle découle d’un dialogue entre le texte, la vision du metteur en scène, et l’imagination du scénographe.

Comme le dit Giono, « l’homme a besoin de s’entourer de beauté, tout autant qu’il a besoin de pourvoir à sa propre survie ». Nous attendons de l’art qu’il élève l’homme intérieur et le sorte de sa brutalité ordinaire. Le sublime de Shakespeare, la naïveté et le charme d’Homère, la perfection de Bach, méritent largement que l’on consacre sa vie à vouloir les communiquer.Il existe un grand  nombre de mythes qui ont inspiré aux hommes de tous les temps un constant et vif intérêt que les poètes ont pu, sans jamais lasser les lecteurs ou les spectateurs, à les remettre en scène.

Cristian Taraborrelli / Scénographe

Cristian Taraborrelli signe la scénographie de La Sonnambula, nouvelle direction de Giorgio Barberio Corsetti au Teatro dell’Opera di Roma .

« enfin comme quelques-uns, ce Sonnambula est romantique, et ici le personnage est sublimé par la scénographie de Cristian Taraborrelli, qui à travers des objets aux dimensions gigantesques reproduisant la chambre classique d’une fille au cœur pur, renvoie à l’effet de la maison de poupée, puis immergé dans les couleurs vives de la vidéo d’art qui passe en bas »

Georges Gagneré / Didascalie.net

Didascalie.net anime des programmes d’expérimentation artistique et technologique sur les écritures scéniques, et collabore avec des entreprises et des laboratoires dans le cadre de plusieurs projets de recherche.

 » Vivre, c’est passer d’un espace à un autre,
en essayant le plus possible de ne pas se cogner. »

Georges PEREC, Espèces d’espaces

A partir de 2005, la plate-forme a consolidé les explorations démarrées au début des années 2000 par Georges Gagneré dans le domaine de la scénographie intermedia numérique temps réel. Il s’agissait de rendre possible les interactions entre les comédiens et les matériaux audiovisuels constituant leur environnement scénographique. Le projet Mirage (2002-05) a permis de fédérer une communauté souhaitant approfondir le développement d’outils dédiés au numérique temps réel dans le spectacle vivant. Le projet Tapemovie (2006-10) a pris la suite de Mirage, et a permis de lancer le projet de recherche Virage (2008-10), réunissant un consortium de structures artistiques, d’entreprises et de laboratoires de recherche financé par l’Agence Nationale de la Recherche. Le principal livrable de ce projet a été un séquenceur intermedia (dont la forme actuelle est toujours développée sous le nom ossia score).

Hervé Cherblanc / Scénographe – Eclairagiste

Dans sa salle boisée éphémère de l’Opéra Grand Avignon, Hervé Cherblanc signe L’Élixir d’amour de Donizetti avec ses fêtes et défaites foraines.

Sachant aussi jouer du besoin d’offrir un plateau-tableau dans ce théâtre sans cintres ni dégagements, tout cet Elixir se passe dans une fête foraine immobile, désenchantée et sans attraction. La grande roue est un squelette de métal que personne ne saurait monter. 

Kelig le Bars / Eclairagiste

La lumière : relation, révélation et temporalité

La lumière au théâtre ne devrait pas se voir. Elle se doit d’être évidente, tellement évidente qu’elle tendrait presque à disparaître pour n’être plus qu’une sensation, une présence qui encourage le regard du spectateur à mieux entendre.

Donner à voir pour mieux recevoir.

Invisible, elle s’abrite dans le geste de la mise en scène, dans les mouvements de l’espace et dans l’intention de l’acteur. Et lorsqu’elle se force à apparaître, c’est alors uniquement parce qu’elle tient elle aussi à faire sens, à donner matière à penser.

Sébastien Sidaner / Scénographie et design vidéo

Sébastien Sidaner est à l’antithèse de l’écran blanc sur un plateau. Les supports de projections sont traités comme des architectures de plateau. L’espace vidéographique et l’espace scénique se confondent.

« Mon travail entre l’art et la technique, s’inscrit dans l’espace. Je conçois la scénographie de l’image, qui doit être complémentaire avec l’éclairage scénique. Mon métier c’est d’inventer un concept ou un dispositif, qui fasse sens et fonde l’ensemble de la représentation. Je participe à l’écriture de la dramaturgie du plateau »

Retour en haut